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BLANCART JOSEPH Emile
Né
le 27 décembre 1877 à Angers. Il navigue du 7 mars 1898 au 30 novembre 1932.
Il
a passé Ies 3 caps à la voile lors d’un voyage de nickel en Nouvelle Calédonie
sur le 3-mâts barque GENERAL DE BOISDEFFRE, capitaine Lelamer, de Trentemoult.
Armateurs Guillon et Fleury de Nantes. Il est décédé le 2 janvier 1966
Etats
de navigation selon les informations du capitaine Blancart :
Matelot
à la petite pêche, canots LE VENGEUR, JOSEPH MARIE, ST AUGUSTIN. Service
militaire, 1 an à bord du MAGENTA en 1898 et 1899.
Elève
de la Marine Marchande ; 3-mâts GENERAL DE BOISDEFFRE.
Sur
les vapeurs de la Cie Générale Transatlantique, jusqu’à la retraite
Lieutenant
sur MORBIHAN, VERSAILLES, LORRAINE, ST GERMAIN, GASCOGNE, NORMANDIE, LA FAYETTE,
ALEXANDRE BIXIO, LA TOURAINE, LA MARTINIQUE, ST SIMON, (5 ans dans le même
grade).
Second
Capitaine : VILLE DE TANGER, ST DOMINGUE, SALVADOR, VIRGINIE, CALIFORNIE,
FERDINAND DE LESSEPS, GUADELOUPE ( 4 ans de second).
Capitaine
:ABD EL KADER, ST DOMINGUE, SALVADOR, MARONI, BASSE TERRE,BORDEAUX, TARN, GARD,
GARONNE, FLANDRE, CARAIBE, MONT VENTOUX,GEORGIE,
NIAGARA, TIMGAD armé en croiseur auxiliaire en décembre 19I4, ESPAGNE,SAVOIE,
FRANCE, ILE DE FRANCE. (24 ans de commandement.)
Telle
est la liste de mes tribulations maritimes, relevées sur un fascicule bien
rempli.
Signé
: Blancart.
Qu’il nous
soit permis pour ajouter à ce curriculum vitae vraiment modeste, de reproduire
quelques lignes d’un article paru dans Paris Midi, au moment où notre
ami prenait sa retraite, aux termes duquel nous nous associons : Tous ceux qui
ont traversé l’Atlantique Nord, sur le FRANCE, le PARIS ou l’ILE DE FRANCE,
l’ont connu - Il était à son bord, le type même du Commandant d’un grand
transatlantique, aussi gentilhomme qu’excellent marin. Il savait comme pas un
autre officier, recevoir les passagers et leur faire l’honneur de son navire.
Celui qui quitte la Marine Marchande en laissant de tels regrets, est né dans
l’Anjou. Tout jeune, il se sentait attiré par la mer plus que par le métier
de fonctionnaire dans lequel il avait débuté. En 1898, il entrait à la Cie Générale
Transatlantique et obtenait à I’âge de 36 ans son premier commandement sur
le paquebot ABD DEL KADER. C’était le prélude d’une carrière sans égale
puisque le Commandant Blancart, allait commander successivement, sans un seul
incident, 22 autres navires, ne s’interrompant que pour prendre pendant les
hostilités le commandement d’un Croiseur Auxiliaire et assurer 6 mois avant
l’Armistice et à la demande de Monsieur Tardieu, Haut Commissaire de la
France aux Etats Unis; les fonctions délicates de chef du contrôle des
compagnies géantes et de l’exploitation des navires. Cité à l’ordre de
l’Armée Navale, décoré de la Croix de guerre avec palmes, puis Chevalier de
la Légion d’Honneur et Officier en 1928, il recevait en 1930 la Croix de
Commandeur du Mérite Maritime. Après la guerre, il commanda les gros paquebots
FRANCE, PARIS, ILE DE FRANCE. Paris Midi se fait un devoir de souhaiter à ce
brillant officier, et à cet homme si parfaitement courtois, la longue et
heureuse retraite qu’il a fort justement méritée.
Notre éminent
camarade, le Commandant Joseph Blancart, est décédé à Caen, le 2 janvier
1966, dans sa 89ème année. Maintenant qu’il n’est plus, le commandant
Blancart apparaît comme un officier de légende, et sa carrière comme un
merveilleux album de souvenirs et d’images. Images de rêves et d’aventure :
son embarquement en1897, à 20 ans sur le voilier FRANCE II comme pilotin, son
tour du monde comme lieutenant sur le GENERAL DE BOISDEFFRE, de 1899 à 1900.
Images glorieuses de la guerre de 1914-1918 : ses attaques à la torpille ou au
canon par des sous-marins ennemis, sa navigation dans les champs de mines, sa
dangereuse mission reçue en 1917 de se rendre avec son navire, le NIAGARA sur
les lieux ou des sous-marins sont signalés sans se faire attaquer par eux et
riposter avec un armement de pièces dissimulées, ses 5 citations obtenues
comme lieutenant de vaisseau, sa Légion d’Honneur en mai 1918. Images
heureuses du temps de paix : les nombreux navires qu’il conduit au succès
sans jamais connaître le moindre incident de navigation et qui vont du cargo le
plus ordinaire aux paquebots les plus célèbres de l’époque : NIAGARA,
ESPAGNE, LA SAVOIE, FRANCE II, PARIS, ILE DE FRANCE. Images fastueuses : Ses 5
années de commandement du paquebot le plus prestigieux de son temps, le défilé
à bord de tout ce que l’ancien et le nouveau continent comptent de
personnages les plus célèbres, les plus riches, les plus originaux, dans une
atmosphère de luxe et de plaisir jamais égalé depuis et sous le signe d’une
prospérité qui se reflète dans des recettes de voyage battant tous les
records.<
C'est dans le cadre de ces images dont nos esprits, avec le recul du temps,
restent profondément frappés, que se déroule la carrière du Commandant
Blancart. Tout autre que lui en aurait été grisé … Il n’en a jamais tiré
gloire ou profit, même pas la moindre vanité. C’est que l’homme avait la tête
solide, un robuste bon sens, un flegme extraordinaire, et qu’à sa vaste
culture, et sa grande distinction, il joignait une extrême modestie, modestie
dont la dernière expression aura été cette discrétion avec laquelle il a
voulu qu’on entoure sa fin.
Avec
l’âge et la retraite, de douloureuses épreuves familiales l’atteignirent,
qu’il surmonta avec une dignité exemplaire.
La
rosette d’Officier de la Légion d’Honneur, la Croix de Guerre avec palme,
la cravate de Commandeur du Mérite Maritime, la Médaille d’Honneur de la
Marine, et plusieurs Ordres Etrangers étaient venus consacrer ses éminents mérites.